12 févr. 2011

LA BLANCHE HERMINE : AMZER AN DISPAC'H (Le temps de la révolte)

Pour celles & ceux qui l'ignorent, La Blanche Hermine est une chanson de Gilles Servat composée en 1970 et dont le texte est l'affirmation revendiquée de l'identité bretonne. Devant l'adhésion toujours plus grande qu'elle remporte auprès du public, elle devient pratiquement l'hymne officieux de la Bretagne après le "Bro gozh ma zadoù" (Vieux pays de mes pères). Symbole de liberté et de justice, La Blanche Hermine aura cependant à combattre les tentatives de récupération et de détournement par des mouvances nauséabondes comme les royalistes, les néo fascistes, et autres usurpateurs des richesses des identités culturelles fortes.

Pour la légende
L'hermine est l'animal emblématique du Duché de Bretagne, alors souverain et indépendant, dont la devise, toujours présente dans la mémoire collective, est : « Kentoc'h mervel eget bezañ saotret », qui se traduit en français par l'expression « Plutôt la mort que la souillure ». Elle vient d'une légende selon laquelle une blanche hermine, poursuivie par des chasseurs, préféra se laisser prendre plutôt que souiller son pelage en traversant une rivière boueuse. La duchesse Anne de Bretagne, témoin de la scène, aurait ordonné que l'on relâche l'animal.
Les controverses autour de La Blanche Hermine
En 1975, le recueil Gilles Servat, poésie et chansons, réalisé par Guy Millière, rend compte du dialogue avec Servat qui « n'hésite pas à critiquer aujourd'hui les faiblesses de La Blanche Hermine. La référence à une " troupe de marins, d'ouvriers, de paysans " ne suffit pas à justifier le très équivoque " faire la guerre aux Francs ". De plus, utiliser des termes datant de l'époque féodale, " francs " par exemple, mais il y en a d'autres, pour décrire la situation actuelle, ouvre la porte aux récupérations les plus réactionnaires. »

Dès 1976, Daniel Chatelain et Pierre Tafini, dans Qu'est ce qui fait courir les autonomistes ? exposent aussi que « La Blanche Hermine de Servat où le héros part faire la guerre aux Francs pourrait très bien passer pour une œuvre de La Villemarqué ! L'artiste capte un flux émotionnel se portant à la fois sur sa personne et la mère patrie qu'il se charge d'incarner. On entre en plein dans l'irrationnel national qui fit communier dans le mythe Servat les militants culturels bretons de base de toutes tendances, des fascisants aux nationaux-gauchistes, réunis dans une même assemblée en 1973 ». Le texte renvoie aux guerres ayant opposé la Bretagne à la France, notamment sur les frontières (châteaux de Fougères et Clisson), mais a été aussi interprété comme faisant référence à la chouannerie, époque magnifiée par La Villemarqué dans le Barzaz Breiz, cette chanson est souvent reprise dans des recueils consacrés à la Vendée et aux chouans par des royalistes, collecteurs de chansons militaires, et autres.
En 1998, considérant que des militants du Front National récupéraient indûment sa chanson dans leurs meetings, il compose une violente diatribe contre l'extrême droite intitulée : Touche pas à la Blanche Hermine, tout comme Keny Arkana dû le faire avec le Front de Haine. Décidément c'est une vraie bande de crevards au F.N!...

Bro gozh ma zadou
Les paroles bretonnes de l'hymne officiel breton sont de François Jaffrenou (1879-1956), alors lycéen et élève de François Vallée (professeur au collège de Saint Brieuc).
Cet hymne est inspiré de l'hymne national du Pays de Galles, Hen Wlad Fy Nhadau (Vieille terre de mes pères), composé par le barde gallois Evan James en 1856 et mis en musique par son fils James. L'hymne de Cornouaille Bro Goth Agan Tasow en est l'équivalent en cornique.
Il sort en 1898 dans La Résistance de Morlaix, et fut imprimé sur feuille volantes avec sous-titre Henvelidigez (Adaptation). La mélodie des trois chants est identique. Il parait dans le livre An Delen Dir en 1900, et commence sa vogue dans les réunions des étudiants bretons de Rennes, qui en firent leur chant de ralliement. Le Bro Gozh fut choisi par le jury de l'Union régionaliste bretonne et proclamé « Chant national », en raison de la fraternité qui rapprochait Bretons et Gallois, au Congrès de Lesneven en 1903. Maurice Duhamel écrivit pour cet hymne une nouvelle harmonisation pour piano, et il fut enregistré par Pathé frères, de Paris, sur disques phonographiques en 1910.



Allez, un player breizh & libertaire!


Liens utiles : 
lexilogos (Trad. français-breton & vice-versa)
Les Ramoneurs De Menhirs + Guest
Bonus

Voir également...

HERETIK SYSTEM : We Had A Dream

WATTSTAX (1973) Movie & OST - Soul Power Part2 !

BERNIE BONVOISIN - Organic & Fait De Peines Étranges...

JOHNNY CASH - American IV: The Man Comes Around

RÉBÉTIKO : Chansons Des Bas-fonds, Des Prisons Et Des Fumeries De Haschisch

GLENN BOUZBENN : Ne Tirez Pas Sur Le Pianiste !

NATHALIE ELLE EST JOLIE...

HELEN MONEY - In Tune [2009]

LOÏC LANTOINE - Tout Est Calme

2 commentaires:

  1. Cool ! ravi que la publication du slam "touche pas à la blanche hermine" avant la dite chanson, sur youtube, permettent d’étoffer des articles comme celui-ci !

    Merci de partager cette culture, et de remettre à plat les choses !

    Dimitri

    RépondreSupprimer
  2. Bienvenue Dimitri
    Une des principales motivations de ce blog est l'ouverture à toutes les cultures dans leurs richesses & leur diversité...
    La culture bretonne coulant un peu dans mes veines, je m'en serais voulu de la laisser souiller par les esprits chagrin et malfaisants ;-)

    Salutations

    RépondreSupprimer