30 avr. 2013

MELISSMELL - Droit Dans La Gueule Du Loup

Elle a le poil hérissé la belle et ça ne date pas d'hier. Je dis "belle", j'aurais pu dire "la môme" façon parigote juste histoire d'en rajouter une louche sur la beauté de son âme insoumise, en révolte. Elle ne mâche pas ses mots, elle ne cache pas ses maux. MeliSsmelL à la gouaille des gamines qui ont grandi en n'en faisant qu'à leur tête. L'idée fixe, le regard sombre, la carapace des personnes qui ont cassé le moule avec pourtant toujours cette sensibilité à fleur de peau. Elle écrit, elle chante et se démène pour jeter un peu de poésie réaliste et subversive dans un monde où la chanson n'est plus dédiée aux utopies mais au confort confiné, à la passivité cosy d'une musique d’ascenseur. Alors forcément, écouter Melissmell, ça fout le darwa... Sur son premier album, Ecoute S'il Pleut, on pouvait déjà se régaler de chansons comme "Aux Armes" dont les textes comme la musique pouvaient en faire un hymne pour les manifs où on n'est plus là pour défiler comme un troupeau de syndicalistes venus en bus mais pour en découdre une bonne fois pour toute avec ceux qui veulent nous baliser dans la rue.

 
Il y avait aussi ce morceau : "Les Enfants De La crise". Transgénérationnel, tant il est vrai que depuis la fin du siècle dernier, aux alentours des sixties, on nous bourre le mou avec les pétro-dollars, les paradis fiscaux, les fonds de pension ou les spéculations sur les matières premières qui affament des populations entières... Un refrain vieux comme le monde ! MelisSmelL chante, les mots viennent de loin, la voix est à la fois chaude, cassante & cassée, les envolées confinent au hurlement tout en restant dans la justesse de solides mélodies. On pense à Cantat, à Mano solo, à la hargne d'une Patti Smith des premier albums... La fougue punk rock qui s'élancerait dans une valse folle avec le lyrisme et le désenchantement de ce que la chanson a de meilleur, un Léo au coin de la rue aux murs tagués rouge sang...

Melissmell - Ecoute S'Il Pleut by Bukowski Louis on Grooveshark


Le second album de MelisSmelL : Droit Dans La Gueule Du Loup conserve toute l'énergie du premier avec en plus des dissonances qui viennent manger du désir au creux des fièvres qui montent en nous quand la réalité cherche à nous broyer. Avec des gus qui ont été de la partie quand Mano racontait la déglingue et les coins de ciel bleu & quand la Mano Negra laissait en fin de concert des salles vides au sol poisseux de bière avec les diverses tribus qui se faisaient un dernier gorgeon sur le macadam, avec ses musicos là, la gouailleuse s'est acoquinée. Le son est plus rugueux à la gratte et les mélodies tournent encore plus fort au cerveau. Tout en chantant que le Rock'n'roll est mort, que c'est elle qui l'a tué, on pense que bien au contraire, le sirop des pestiférés, celui des têtes cramées coulent encore dans les veines des morceaux tout au long de l'album. Ce résiné-là quand il est injecté, on a beau le cracher note après note, ferrailler dur contre les dépendances & les manques, il nous ronge et nous transperce de lucidité, nous balance sa boule de cristal au bowling du quotidien...

MeliSSmell - Droit Dans La Gueule Du Loup by Bukowski Louis on Grooveshark






Sources & liens
Rockyourlife.frhttp://www.rockyourlife.fr/chronik/melissmell-droit-dans-la-gueule-du-loup /

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3 commentaires:

  1. "Je vous bâtirai un monde avec des loques, moi."
    Henri Michaux

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  2. 25.05.2013 - 10:00 ce matin-là...
    POUR TOI
    toi plus noir que noir en chambre bleue
    moi noire et blanche à l'écoute bleue

    http://www.franceculture.fr/emission-concordance-des-temps-chanson-peuple-et-pouvoirs-au-xixe-siecle-2013-05-25

    "[...] Le goût de considérer la manière dont les chansons politiques et sociales ont émergé dans la vie publique avec une vigueur et une influence inédites, de voir comment elles ont accompagné les mouvements collectifs, le goût d’observer les sources de leur essor, les lieux où elles ont trouvé à s’épanouir et les chemins de leur diffusion, longtemps avant la radio et Internet, jusque dans les profondeurs populaires."

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  3. TAMU fut'il (:-) un temps31 mai 2013 à 11:44

    Ah FQ ! quand tu " nous balances ta science aux feuilles telle une "boule de cristal au bowling du quotidien..."...

    http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-le-quotidien-esclavage-des-temps-modernes-2013-05-3

    "Le moyen fait partie de la vérité, aussi bien que le résultat. Il faut que la recherche de la vérité soit elle-même vraie; la recherche vraie, c'est la vérité déployée, dont les membres éparses se réunissent dans le résultat."
    Karl Marx cité par Georges Pérec à la fin de son roman "Les choses".

    Clin d' oeil à "Un homme qui dort"...
    de Georges Pérec :

    "Cesse de parler comme un homme qui rêve.
    Regarde ! Regarde-les ! Ils sont là des milliers et des milliers, sentinelles silencieuses, Terriens immobiles, plantés le long des quais, des berges, le long des trottoirs noyés de pluie de la place Clichy, en pleine rêverie océanique, attendant les embruns, le déferlement des marées, l'appel rauque des oiseaux de mer.
    Non. Tu n'es plus le maître anonyme du monde, celui sur qui l'histoire n'avait pas de prise, celui qui ne sentait pas la pluie tomber, qui ne voyait pas la nuit venir. [...]
    Tu as peur, tu attends. Tu attends, place Clichy, que la pluie cesse de tomber."


    " Dans la norme alitée l'énorme animal se lit. "
    Henri Michaux


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