10 mai 2011

Mai 81 - Mai 2011 : Vous Êtes Sur La Pente Fatale Les Gars !

Avant-propos :
Papaver rhoeas - Un seul pied de Coquelicot est capable de produire plus de 60 000 graines. Au point que si chacune d'elle pouvait germer, il faudrait guère plus de quatre générations pour qu'il colonise toute la planète. Dans le langage des fleurs, les coquelicots incarnent "l'ardeur fragile".
Ses graines attendent patiemment que le terrain se dégage pour pousser et fleurir en masse. Elles ne germent pas toutes la première année, ce qui permet de constituer un stock important de semences dans le sol, disponible au cas où les conditions favorables seraient réunies...

En trente années de vie politique, le stock des graines du mécontentement a bien rempli nos besaces et pour ceux qui balancent entre deux âges comme le disait le poète, toutes les élections qui se sont succédées ont convergé vers un même constat : "Les riches, c'est fait pour être très riches, les pauvres, c'est fait pour être très pauvres". L'espoir qu'avait pu faire naitre l'arrivée au pouvoir en mai 1981 d'un gouvernement "socialo-communiste"  s'est terminé en terrible désillusion, en inoubliable amertume. Je n'oublie cependant pas : L'abolition de la peine de mort, la cinquième semaine de congés payés, la naissance de la bande FM avec l'autorisation des radios libres et l'ouverture de temps d’antenne à la gauche aux télévisions et aux radios publiques (temps de censure terminé), la dépénalisation de l'homosexualité, l'augmentation des minima sociaux avec un Smic revalorisé de 10%, allocation familiale, allocation logement et allocation pour handicapé de plus de 25 %, le blocage des prix pendant 6 mois, une campagne de nationalisation des quelques grandes entreprises, l’instauration de la semaine de 39H, la création des ZEP (zone d’éducation prioritaire), en 1982 la retraite à 60 ans et puis, plus récemment, la Loi Aubry sur la durée légale du temps de travail hebdomadaire qui est passé à 35H et qui continue de trouer le cul à toute la droite sans distinction !

Le propos n'est pas ici de parler de Mitterrand, que ce soit en tant qu'homme politique ou en tant qu'individu (homme cultivé néanmoins, contrairement à mister-blingbling-kass-toi-pov-con aka Little Goulash). Pour faire vraiment très court, on peut simplement constater que l'expérience "socialiste" en France n'a pas tenu ses engagements face aux à la canibalisation de la société par les tenants de l'idéologie néo-libérale. Le début des années 80 ont été marquées par l'arrivée du triste sire Ronald Reagan aux États-Unis & par celle de la "dame de fer", la non moins tristement célèbre baronne Margaret Thatcher en Grande Bretagne. Plutôt que de s'opposer de manière frontale à ces ténors du libéralisme débridé, la "gauche" au pouvoir en France a acheté la paix sociale en créant de nouveaux minima sociaux tels que le RMI (devenu le RSA - Reste Silencieux Abruti - en 2009). Pire que cela, les années 80 sont devenues les "années-fric" pour tout un tas de requins de la finance et autres assoiffés de biftons... Le fric est donc demeuré la valeur centrale de l'économie et si j'entends bien ce qui se dit au P.S actuellement, la partition n'a pas varié, juste on ajoute quelques bémols pour faire "de gauche" par rapport aux dingues de l'UMP.

Si vous vous promenez sur la toile aujourd'hui en suivant le fil de l'actu, vous pouvez tomber sur la vidéo où Daniel Balavoine (chanteur aéroporté et regretté que les moins de 20 ans etc) invective Mitterrand alors candidat, en mars 1980, en plein journal télévisé. Revoir ce moment d'anthologie télévisuelle m'a inspiré deux réflexions. Tout d'abord on se dit que Balavoine est sacrément gonflé et que ce qu'il dit n'a malheureusement pas pris une ride si on sort des références aux affaires en cours à l'époque. Plus qu'une critique acerbe, le chanteur balance à la face de l'homme politique la réalité des préoccupations d'une grande partie de la jeunesse de l'époque et sa conclusion est terriblement prémonitoire. Ensuite, je me suis surpris à penser que ce genre de contact direct avec l'actuel président-crac-boum-hu ne serait plus possible. Les interventions d'hommes d'État sont tellement cadenassées que même les piteux journalistes tv n'osent pas poser les questions qui enquiquinent (oui, j'aime ce mot de temps en temps). Il est loin le temps des Michel Polac avec son émission Droit de réponse où ça gueulait dans le "poste de télé". Il reste à inventer le temps où un simple quidam pourra se permettre d'envoyer balader tous les politicards qui lui mangent sur le dos et n'ont d'autres perspectives à offrir que le serrage de ceinture et la défense des intérêts de leur clan.

Balavoine & Mitterrand en mars 1980
"Nous sommes en studio, en direct, devant deux millions et demi de téléspectateurs. Mais surtout, devant tous les journalistes politiques. Une émission avec Mitterrand ça ne se rate pas, on guette les "petites phrases" qui vont faire jaser. Bref, ils font leur boulot d'échotiers. Georges Marchais est sur le grill depuis qu'ont été publiées des informations pour le moins gênantes sur ses activités pendant la guerre. Sans oublier qu'il a approuvé l'intervention soviétique en Afghanistan quelques semaines plus tôt...
Les journalistes sont à l'affût d'une déclaration de Mitterrand. Avec une telle caisse de résonance, la provocation de Balavoine va prendre une ampleur démesurée."




En mai, fais ce qu'il te plait

La Rabia Del Pueblo - Keny Arkana


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