28 sept. 2010

TUE TON PATRON

Que ce soit chez France Telecom, Renault ou EDF, les suicides sur le lieu de travail ont augmenté depuis une quinzaine d'années. Étrangement il n'existe pas de statistiques sur le suicide lié au travail. Si le sujet semble de moins en moins tabou c'est bien parce que ses manifestations spectaculaires et sa fréquence ont alerté les médias et orienté les projecteurs sur le quotidien de la vie en entreprise aujourd'hui. Réfléchir aux causes profondes de ce "mal-être" qui ronge de plus en plus le monde du travail c'est inévitablement aboutir au même constat dans les divers secteurs d'activité : Le rendement, la course au profit et la pression accrue sur les salariés.
J'éprouve de la tristesse pour ces vies brisées mais aussi et surtout de la révolte pour ceux qui versent des larmes de crocodiles et parlent de drames humains isolés alors que leur responsabilité dans toutes ces morts est directement engagée. Je ne verserai donc pas ici dans l'apitoiement et n'apporterai pas de réponses objectives... Non , j'ai juste envie de faire connaitre le bouquin de Jean-Pierre Levaray ...
Tue Ton Patron (illustrations de Gil*) paru aux excellentes éditions Libertalia. (*Gil est né en 1959. Il a publié plusieurs recueils de dessins, parmi lesquels Le Monde n’est pas une marchandise (No Pasaran, 2007). De 1984 à 2000, il a participé aux activités du fanzine et du label On a faim ! avec Jean-Pierre).

On change de ton, on se dégage des pathologies du salarié pressuré, on relève le menton et on remonte son col, on chope le mal à la racine bon sang ! Dans un monde de prédation celui qui prend les devants marquent le point, celui qui refuse de se laisser broyer lève le poing... Avec Jean Pierre Levaray ça donne ceci :
« Eh oui, j’ai tué mon patron. Il ne pouvait pas en être autrement. J’avais perdu mes plus belles années entre les murs de son entreprise, j’avais vu quelques copains y mourir, j’y avais usé ma santé, mais ça n’a pas empêché qu’un jour je reçoive ma lettre de licenciement. J’ai fait partie de la dernière charrette. Jeté comme un Kleenex, ni plus ni moins. Le restant de ma vie cassée, vidée. Il fallait bien que quelqu’un paie et je n’ai pas eu de mal à savoir qui. Je suis allé dans son antre, là où il dirige tout. Je l’ai traqué, suivi. J’ai appris à connaître son milieu, à rencontrer son entourage et ses congénères… Et un jour, plutôt une nuit… »
Je cite ici l'article du Monde Libertaire à propos du livre : " Tue ton patron, un roman social très noir. Prolo dans l’industrie chimique, Jean-Pierre Levaray écrit généralement des livres sur la condition ouvrière, la vie en usine, les luttes, les espoirs, les désillusions… Avec Tue ton patron, le militant syndical et libertaire, passe au roman noir.
Dans J’ai engagé un tueur, film d’Aki Kaurismaki, le personnage incarné par Jean-Pierre Léaud engageait un tueur pour se suicider après un licenciement. Le courage lui manquait pour mettre fin lui-même à ses jours… Dans Louise-Michel, film de Gustave Kerven et Benoît Delépine, le personnage incarné par Yolande Moreau engageait un tueur pour liquider le patron voyou qui s’était volatilisé en une nuit avec la caisse et les machines de l’entreprise. Dans Tue ton patron, le personnage imaginé par Jean-Pierre Levaray n’a besoin de personne pour arriver à ses fins. D’une, malgré le traumatisme causé par son départ forcé, il n’a pas envie de se flinguer. De deux, même si ce n’est pas un acte évident, il va buter son taulier tout seul comme un grand […]. « Déguisé en arme », le vengeur anonyme attend le moment propice. Squattant un appartement secret conçut pour la maîtresse d’un précédent PDG, il veille. « En haut de cette tour, du haut de mon mirador, j’observe et je réfléchis à comment faire. Je suis le ver dans le fruit. Patrons, décideurs, entrepreneurs, boss, crapules, tremblez, je vais faire un exemple...  » Paco.

Un "Tue ton patron-remix" est assez sympathique à lire également, comme un bonus vu de l'autre côté du miroir (aux alouettes) et publié au cours de l'été 2010 dans le Monde libertaire.



Tout ceci n'est bien sûr que de la pure fiction mais on peut y trouver quelque chose de revigorant, une satisfaction presque enfantine quand les méchants meurent à la fin... Est-ce si puéril ? N'est-ce pas plus sain que de se sacrifier sur l'autel du libéralisme ou de se condamner aux anti-dépresseurs ? Hum ...
Et puisque que nous sommes en jambe, je vous invite à aller faire un saut sur ce site :

doodie
doodie.com

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